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Sweet, Spicy Summer [Margo]

@ Sanae M. Kimura

Sanae M. Kimura
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Sam 18 Mar - 16:42
Ce qui les entourait n’importait plus désormais. Elles ne prêtaient attention ni aux tables qui s’étendaient devant la scène, ni aux rideaux rouges de l’estrade qui finiraient par s’animer à nouveau. Dans le bruit des couverts et des conversations, Margo et Sanae réduisaient leur monde à leur table, seul et unique îlot parmi le reste. Leurs yeux s’étrécissaient. La colère grondait. Voilà que la chaleureuse soirée qui promettait de les émerveiller venait de se terminer. Sanae pouvait le sentir. Cette humeur-là ne disparaîtrait pas en quelques secondes. D’autant plus qu’elle se transmettait à la sorcière blonde aussi vite qu’une traînée de poudre entraînait l’explosion. Déjà, Margo changeait d’expression. Ses traits se délestaient de l’amusement grisant que Sanae n’avait pu reconnaître. Ses yeux clairs se chargeaient d’électricité. Et ses lèvres, elles, s’apprêtaient à siffler leur venin.

Elles avaient ça de commun. Dès qu’elles étaient piquées, leurs réactions se faisaient impulsives. En proie à une jalousie mordante, Sanae ne prenait pas la mesure de ce moment. Elle était trop enfermée dans cette colère qui grimpait en elle en plantant ses piques dans sa gorge. Ce démon-là lui était inconnu et il apparaissait sans se présenter.

« J’ai une meilleure idée,
dit Margo, son sourire devenant piquant. Je retourne le chercher, toi t’appelle Logan et on se fait une crapette explosive ? Non, mieux ! On baise tous ensemble comme ça, pas de jaloux. »

La rage explosa dans la poitrine de Sanae mais elle tenta de la ravaler. Ses mâchoires se crispèrent, devenant saillantes sous les lumières tamisées du chapiteau. C’était fou la rapidité que pouvait avoir ce genre d’émotion. Elle se diffusait par des salves entières dans les veines, comme si on l’avait injectée directement dans l’organisme. Et Sanae en sentait la circulation brûlante le long de ses bras, dans sa poitrine, son ventre, son visage. Le fureur se diffusait jusque dans ses orteils. Elle eut l’impression que son corps était trop petit, trop étroit, pour la contenir. Ses doigts se plantèrent dans la nappe, froissant le tissu. Quelque chose crissait à ses tempes. Margo cessa de sourire. Elle préférait ça plutôt que d’y lire une quelconque satisfaction après les mots qu’elle lui avait jetés.

Elle ne sut si c’était le ton, la vivacité de sa réponse ou le fait qu’elle mêle Logan à tout ça mais Margo fit mouche. Leurs regards s’affrontaient sans merci. Sanae ne réussit pas à ouvrir la bouche. Elle avait peur qu’une fois fait, toute sa rage ne se déverse en des hurlements rauques. Et comme si ce n’était pas suffisant, la blonde n’avait pas terminé.

« Si j’devais te faire une scène à chaque fois que tu te tapes ton mec, j’aurai déjà écrit quatre tomes. Alors m’envoie pas chier parce que j’ai pas rembarré un plouc avec sa magie de merde. »

Son poing s’abattit sur la table. Les couverts tremblèrent en tintant les uns contre les autres.
Elle n’avait pas prévu ce geste, il était venu comme un réflexe, une réaction épidermique à la pique lancée par Margo. Autour d’elles, les têtes se retournaient. On les dévisageait avec surprise et des commentaires ne tardèrent pas à être murmurés. Sanae ne bougea plus pendant de longues secondes. La peau de son cou se tirait alors qu’elle déglutissait, si crispée que tous ses muscles se bandaient. Ses dents se serraient si fort qu’elles lui faisaient mal. Il n’y avait pas un seul mot de Margo qui ne la blessait pas. Par-dessus tout, la rancoeur d’entendre le même argument lancé pour la remettre à sa place lui donnait presque la nausée. Ou peut-être les termes dans lesquels elle évoquait sa relation avec Logan qui la dégoûtaient. Se taper son mec… Elle ne reconnaissait aucune part de vérité dans ces mots. Margo réduisait son intimité avec Logan à cet humiliant raccourci. N’avait-elle toujours pas compris ? Comment pouvait-elle utiliser ça contre elle à nouveau ?

Le regard de Sanae était tout droit fixé sur Margo. Il n’y avait pas d’orage plus féroce en cet instant.
La mâchoire crispée, elle ouvrit la bouche difficilement, se penchant en avant.
« Parle pas de choses que ton tout petit esprit arrive pas à piger. » cracha-t-elle, chaque syllabe se détachant douloureusement. « Et entre nous, si quelqu’un devait céder aux avances d’un plouc, ce serait sûrement celle qui s’est tapée la moitié du pays. Alors joue pas les innocentes, ton tableau de chasse est probablement plus long qu’le dictionnaire. »

Elle se leva et sans un dernier regard, disparut entre les tables pour sortir du chapiteau.

Les pans de sa robe fouettaient ses jambes. Elle marchait vite, trop vite pour savoir vraiment où elle allait. La rage ne décroissait pas, elle lancinait. Pendant un moment, elle ne sut si fallait rentrer à l’hôtel ou se perdre dans la ville jusqu’à ce que la boule dans sa gorge ne disparaisse. Elle transplana jusqu’aux abords de l’hôtel et marcha dans les rues du quartier. La brise était chaude, même à la nuit tombée. Et au fil de son errance, la force de ses pas diminua. Elle avait pendant plus d’une heure refait la conversation dans sa tête, avait revu le sourire de Margo envers l’inconnu, et malgré la vexation, Sanae se trouvait en proie au doute.

Avait-elle réagit trop fort, trop hâtivement ? Avait-elle été injuste ?

Elle pensa à appeler Kezabel, ou Maxence, mais son téléphone était resté dans la chambre d’hôtel. Elle aurait aimé se foutre dans un bar du coin mais elle avait oublié son sac à la table. Elle n’avait rien sur elle, rien d’autre que le tourbillon de pensées qui lui filait la migraine. Elle retourna la situation dans tous les sens, un milliard de fois, et finit par rejoindre l’hôtel. L’allée était déserte quand elle la remonta pour atteindre l’entrée. Dans le hall, quelques silhouettes passèrent devant ses yeux mais aucune d’elles ne ressemblait à Margo. Elle alla jusqu’au bar lounge et s’assit au comptoir. Pendant un moment, elle resta là sans rien commander. Ici, elle pouvait le mettre sur sa note.

Ses mains se croisaient et se décroisaient sur la surface marbrée du bar.

« Vous êtes sûre que vous voulez rien ? » demanda la barmaid.

Sanae soupira, passant une main dans ses cheveux. Son regard se perdit dans la contemplation de ses doigts. L’angoisse tenaillait sa poitrine.

« Non, j'veux rien, dit-elle.
- Okay ! »

Son coeur battait à ses oreilles. Sa bouche était sèche. Elle ferma un instant les paupières et avant même que la barmaid n’ait tournée le dos, Sanae releva son regard.

« En fait... »



Elle n’avait bu que deux verres. Ce n’était pas un désastre, hein ? Deux verres de gin tonic. Elle avait longtemps observé le citron et les petites billes d’elle-ne-savait quelle baie dont la barmaid avait agrémenté le cocktail. Le gin, ça se sentait moins que la bière ou le whisky. Elle avait bu un soda pour tenter de dissiper le goût et se promit de se brosser les dents en rentrant. Pas la peine d’alerter les autorités locales. La soirée était déjà bien houleuse ainsi. Ça aurait pu être pire. Elle aurait pu se caler dans un des canapés et laisser défiler les verres jusqu’à ce qu’on doive l’escorter jusqu’à sa chambre. Oui, ça aurait pu être pire. Elle avait gardé le contrôle. Ce fut ce qu’elle se dit en prenant l’ascenseur jusqu’à son étage et en parcourant le long couloir à la moquette rouge.
Qu’allait-elle dire à Margo ? Qu’elle était désolée ? Elle n’était pas sûre de l’être complètement. Bien sûr, elle regrettait la tournure des événements. Elle savait que son comportement avait gâché une soirée qui aurait du n’être que de l’amusement, du temps pour elles se soldant très certainement par leurs deux corps nus en sueur. Cette dispute était puérile, stupide. Le fait est que Sanae découvrait peu à peu des sentiments qu’elle n’avait jamais ressentis auparavant. Elle ne savait pas ce qu’être une petite-amie impliquait réellement. Mais ce qui la heurtait le plus, c’était de constater que la blessure de Margo concernant Logan n’était toujours pas refermée. Elle était consciente que cela mettrait du temps, que la blonde commençait tout juste à accepter la situation, mais elle réalisait que cela serait bien plus compliqué qu’elle ne l’aurait cru.

Elle fit biper la carte de la chambre qu’elle avait emprunté au réceptionniste en lui expliquant qu’elle avait laissé la sienne à Margo et qu’elle devait dormir. Le petit point vert sur le boitier noir s’éclaira et elle se glissa dans la suite. Il n’y avait qu’une toute petite lampe allumée près du lit, le reste avait sombré dans l’obscurité de la nuit. Elle distinguait pourtant à travers la baie vitrée les lumières de la ville et des jardins de l’hôtel. La fenêtre était ouverte et d’ici, elle sentait la légère odeur de tabac. Margo devait être au balcon en train de passer ses nerfs sur une cigarette. Tant mieux, cela lui laissait le temps de passer dans la salle de bains et de se brosser les dents. Elle utilisa même le bain de bouche rose. Elle ne tarda pas trop. Elle savait que si elle restait trop longtemps dans la salle de bains, elle n’en sortirait peut-être pas.

Cette conversation l’inquiétait parce qu’elle ne savait pas encore ce qu’elle-même s’apprêtait à dire.

Elle enleva ses chaussures à talons qui lui faisaient mal aux pieds, et posa une main sur l’encadrement de la baie vitrée ouverte. La robe rouge de Margo se détachait de l’obscurité. Sa silhouette se dessinait contre la rambarde du balcon, dos à elle. Un instant, Sanae observa les fumerolles s’élever dans l’air et s’y dissiper. A voir Margo ainsi, seule sur ce balcon, Sanae sentit le poids de la culpabilité s’abattre sur elle. Elle se mordit l’intérieur de la joue et finit par sortir, l’air chaud lui caressant la peau.

Elle vint poser ses coudes sur la rambarde, juste à côté de la blonde, regardant la piscine en contre-bas.

« On a eu des disputes plus matures que ça…, fit-elle. J’en suis pas fière. »

L’aveu était plein de remord.
Le corps penché, elle laissa son visage retomber vers le sol où ses pieds nus s’imprimaient sur le carrelage.

« J’suis désolée, okay ? Je sais pas trop ce qui m’a pris. » Elle soupira. « J’ai l’impression que tu pourrais te barrer avec n’importe qui. » Elle secoua la tête, se rattrapant aussitôt. « C’est pas que j’ai pas confiance en toi, hein. C’est juste que... » Elle secoua la tête. « Quel merdier dans ma tête... » souffla-t-elle davantage pour elle-même. « J’avais jamais été jalouse avant, je m’attendais pas à l’être. L’espace d’un instant, j’me suis dit que ce type-là...enfin, ce serait plus simple, plus normal. »

Son regard se perdit dans le paysage qui s’offrait à elles, pleins d’immeubles et de villas.

« J’ai aucune idée de comment ça marche tout ça, Margo. J’ai jamais été avec quelqu’un. Je crois que … ça me fait peur d’être aussi inexpérimentée. »
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Dim 19 Mar - 12:47
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Sana & Margo


■ Dimanche 26 Juin ▬ Soir ■

La violence du geste la surprit, Beaumont eut un léger sursaut, ses grands yeux bleus allant du geste au visage de Sanae.
Le poing sur la table ressemblait de beaucoup trop près à un rappel à l'ordre comme si elle n'était qu'une gamine en bout de table familiale qui l'avait un peu trop ouverte, prenant la place sur la parole des adultes. Un coup de phalange sur la surface plane et tu vas fermer ta petite gueule, laisser les grands parlers et rester à ta place.
Morgane sait ô combien Margo déteste qu'on la lui fasse boucler, mais par ce geste aussi brusque et aussi réducteur ? Il y eu aurait eu moins de dégât si Sana lui avait hurlé de la fermer et de l'insulter de conne.

Sûrement qu'une dizaine de regards se sont braqués sur elles mais Margo ne les voit pas. Elle n'a d'yeux que pour sa petite amie et cette fois-là, ça n'est pas pour la reluquer, la contemplation dans le regard et le fantasme au bord des lèvres. En cette seconde, Beaumont a des pulsions brutes qui remontent le long de sa gorge à l'allure d'une bile acide. Une flopée d'injure qui ferait crisser les dents de plus odieux menace comme l'orage à l'horizon et le gamin planqué à trois tables de la leur est certain d'avoir vu les verres frémirent tous seuls. Pas étonnant. La magie brûlante léchait les peaux et les veines, prête à répandre une onde de chaleur désagréable. Margo pouvait voir les sillons nerveux de Sanae sous la peau tendu de son cou. Son regard sombre n'était que ténèbres prêts à la bouffer.

"Parle pas de choses que ton tout petit esprit arrive pas à piger."

La pique est violente et blessante.
C'est vrai quoi. Ne parle pas des très grands Sanae Kimura et Logan Rivers, célèbres légilimens au-dessus de tout ce petit peuple aux esprits étroits et faibles qui ne pigeront jamais quedal à la fureur et la beauté de leur lien si précieux.

Ils pouvaient aller se faire mettre dans les neufs cercles de l'Enfer. Margo serra si fort le poing sur sa robe que le tissu crissa sous ses phalanges blanches.

" Et entre nous, si quelqu’un devait céder aux avances d’un plouc, ce serait sûrement celle qui s’est tapée la moitié du pays. Alors joue pas les innocentes, ton tableau de chasse est probablement plus long qu’le dictionnaire."

Cette remarque lui passa au-dessus. Quoi, il faudrait qu'elle rougisse ou s'excuse d'avoir pris du bon temps avec un nombre indéfini de personne ? C'est pas le genre de chose qui la fait rougir ou dont elle a honte. Si Sanae ne s'était pas levée comme une furie pour foutre le camp, Margo ne se serait pas privée de lui lancer à la gueule que ça n'était pas sa faute si la brune n'était que frustration d'avoir n'été qu'un cul serré pendant toutes ces années.
A vrai dire, il valait mieux que la sorcière parte avant que la situation ne dégénère plus que ça ne l'était déjà. La place vide de Sanae lui laissa un goût amer et un gouffre glacial en parfait contraste avec l'incendie qui coulait le long de son dos.

Putain de vacance de merde.
Putain de soirée de merde.

Elle haïssait tout, ce soir. Du mec qui était venu faire son show de qualité Primark à la texture de la nappe sous ses doigts, passant par la musique trop grinçante à son goût à Sanae elle-même. Sans parler de Logan, le Prince de madame. Beaumont n'était qu'un venin aux pensées mesquines et mauvaises. La faute à son caractère de merde, la faute à sa petite amie et ses remarques condescendantes d'esprit plus élevé.

La sorcière blonde ne quitta pas la table, elle ignorait royalement les regards scandalisés plantés sur elle. Qu'est-ce que ça pouvait bien lui foutre ? Elle se laissa retomber dans son siège et bu son verre avec raideur. A peine terminé, elle se dirigea vers le bar et demanda un shot de Pur Feu, lorgnant sur un type à trente mètres d'elle.
La Beaumont d'avant l'aurait sauté toute la nuit plutôt que de rejoindre sa petite amie. Peut-être par vengeance ou parce que Margo était une impulsive avec le besoin vitale d'un exutoire. C'était dégueulasse pour Sanae, mais celle-ci se tapait bien Logan quand elle le voulait sans se poser la moindre question, alors pourquoi pas elle ?

Même si Margo y songea une seconde, elle repoussa bien vite l'idée.
Elle était trop en pétard pour réfléchir rationnellement. Elle but cul sec son verre qui lui laissa une agréable trace de brûlure le long de son œsophage et se tira de la salle pour rejoindre la chambre d'hôtel, persuadée que Sanae ne s'y trouverait pas.

Parle pas de choses que ton tout petit esprit arrive pas à piger.

Elle s'en voulait d'être blessée par une remarque si puérile et si conne, qui d'ordinaire lui serait passé au-dessus. Margo détestait que Sana la ramène à la place de celle qui ne comprendrait jamais cette relation si précieuse. Comme si elle ne le savait pas déjà elle-même.
Seule sur le balcon de la chambre, elle tira sur sa clope, le regard bleu dans le vide. C'était calme mais Margo ne trouva aucun repos ni réconfort. La colère ne s'était pas vraiment dissipée mais elle se diluait dans une inquiétude de fond. Et si Sanae s'était tirée en la plantant ici comme une merde ? Si elle faisait une connerie du genre, se saouler la gueule dans un bar ?
Coude sur la rambarde, elle se pinça l'arête du nez et souffla. Elle qui avait envisagée une soirée agréable, intime et sulfureuse contemplait l'incroyable gâchis de derrière ses paupières closes. Elles étaient dans un cadre idyllique, passaient une merveilleuse soirée, se retrouvaient enfin après des mois de courses effrénées entre la Garde, l'accident et tout le reste. Les deux femmes avaient attendu ce moment avec impatience mais il semblait que l'ombre de Logan persistait toujours en fond, pour une raison ou pour une autre, et qu'un truc coinçait dans leur machine qui semblait pourtant rouler à merveille par moment.

Le bip de la porte fit tiquer son oreille mais Margo ne bougea pas, elle refusa même jusqu'à se retourner. Le ventre encore crispé de colère, elle tapota sur sa clope dont la cendre chuta dans le cendrier. Les yeux fixés sur les magnifiques jardins de l'hôtel, elle scrutait le pas de Sanae qui passa par la salle de bain et l'espace d'une seconde, elle fut persuadée qu'elle irait se coucher sans un mot, un geste ou même un regard. L'idée lui brûlait encore plus les nerfs.

Finalement, son pas lest sur la moquette s'approcha jusqu'à franchir la baie vitrée.
Margo avait le ventre tordu, incapable de savoir comment elles pouvaient reprendre un semblant de discussion sans se cracher à la gueule. Elle sentit la présence de Sanae à ses côtés, son poids sur la rambarde et l'odeur de son parfum se mêlant à celle de sa clope.

"On a eu des disputes plus matures que ça…J’en suis pas fière."

Elle se retient de balancer la moindre remarque, se contenta de fixer le vide, toujours sa cigarette coincée entre ses doigts quand Sanae elle, ne pouvait rester en place, certainement pétri de gêne ou d'elle ne savait quoi.

" J’suis désolée, okay ? Je sais pas trop ce qui m’a pris. J’ai l’impression que tu pourrais te barrer avec n’importe qui."

Un souffle sarcastique passa entre ses lèvres. La confiance règne, visiblement. Entre ça et le rappel de son tableau de chasse, Sana semblait vouloir appuyer sur la capacité de la blonde à être volage.
C'était pourtant pas le cas et loin des intentions de la sorcière brune.

"C’est pas que j’ai pas confiance en toi, hein. C’est juste que... Quel merdier dans ma tête... J’avais jamais été jalouse avant, je m’attendais pas à l’être. L’espace d’un instant, j’me suis dit que ce type-là...enfin, ce serait plus simple, plus normal."


Beaumont fronça les sourcils sans la regarder, sans bouger.
Plus simple et normal ne sont pas les critères de Margo. C'est exactement une relation comme ça qui la ferait crever d'ennui et qui ne pourrait pas survivre. Elle était persuadée que Sanae le savait, l'avait compris.

"J’ai aucune idée de comment ça marche tout ça, Margo. J’ai jamais été avec quelqu’un. Je crois que … ça me fait peur d’être aussi inexpérimentée.
- Tu crois que moi j'ai plus d'expérience parce que je me suis tapée la moitié du pays ?"

Ne lui demandez pas pourquoi elle soulève le point qui l'avait le moins vexée de la conversation.
Elle souffle d'un rire sec sa fumée et, pour la première fois, détacha son regard de l'horizon. Margo était du genre à affronter les choses en face, raison pour laquelle son corps se tourna de trois quart pour regarder frontalement Sana. Même si elle avait les nerfs, elle ne pouvait s'empêcher de l'aimer et ça la surprenait. Ca surpassait tout ce qu'elle avait pu vivre ou ressentir jusqu'ici et quand elle voyait le désastre de la soirée, elle se dit qu'elle aimerait bien que Sanae plonge dans son crâne pour se voir avec ses yeux à elle. Qu'elle comprenne que son inexpérience, son don, sa situation était des éléments bonus à ses yeux. Que c'était tout ce qui faisait qu'elle l'aimait.

Margo secoua rapidement la tête, un coude appuyé sur la rambarde.

"Ta jalousie, même si elle me fout les nerfs, elle me donne aussi envie de te plaquer au pieu pour te faire savoir à quel point j'en ai rien à foutre d'un pauvre gars qui ne sait pas comment occuper sa soirée autrement qu'avec des tentatives de drague foireuse."

Elle dit ça sur un ton peut-être un peu dur mais dénué de violence. C'était pas la question, Margo en avait conscience, mais c'était sa façon à elle de lui dire : C'est toi que je veux, pas les autres.

"Y en aura d'autres, je le sais. Toi comme moi ont grognera comme des dobermans parce qu'on est possessives, jalouses et que notre caractère est à chier." Un vague sourire se dessine sur ses lèvres. En revanche, inutile de lui rappeler la scène plus que problématique et responsable de tous les drames qui suivait, que Margo lui avait faite en apprenant pour Logan. "On apprend toutes les deux. Couchée à droite à gauche me donne pas la science infuse des relations. J'fais comme pour tout, je teste et j'vois ce qui marche ou non. Ca se fait ensemble." C'est ce qu'elle a apprit, par les autres et par elle-même. "Par contre, je supporterais pas que tu me réduises à ça. T'as ton truc avec Logan, crois moi j'suis la première au courant, je deal avec cette relation. Mais plus jamais tu me fais comprendre que j'suis trop conne pour en comprendre la teneur. Tu couches avec un autre, Sana. Ta jalousie me pose aucun problème, mais m'attaque pas comme si j'avais poussé le vice."

A mesure qu'elle parlait, le ton s'était radoucit. Enfin, radoucit à la Beaumont. Elle n'était pas doucereuse et tendre, mais la colère semblait s'évaporer à chaque fois qu'un mot franchissait ses lèvres encore peinturées de rouge à lèvre mais que la clope avait légèrement estompée. Margo sous-entendait également un futur puisque pour la blonde, elles n'avaient pas morflées pour s'arrêter à ça. Il fallait simplement mettre les choses au clair, à son sens. Etaler sur la table ce qui devait être craché avant que ça  ne leur pète à la gueule.

Une fois, pas deux.
Mais aussi parce que Margo n'était pas genre à garder pour elle ce qu'elle pensait.

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Sanae M. Kimura
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Ven 12 Mai - 14:56
Elle connaissait bien la proximité que pouvaient avoir deux personnes. L’intimité des esprits apprenait à vivre à deux, en parallèle ou à l’unisson, ce qui donnait à réfléchir sur ce qu’il fallait partager avec l’autre ou garder pour soi. Bien sûr, à être si proche, on laissait échapper des morceaux de soi qu’on ignorait parfois et qui révélaient bien plus que les mots. Sanae connaissait cette intimité-là, mais elle ignorait tout de celle qui venait de deux âmes qui se désiraient amoureusement. Elle commençait tout juste à appréhender ce que sa relation avec Margo pouvait être et ce qu’elle déclenchait en elle comme sentiments. Souvent contradictoires, comme elle l’était elle-même, ils ne cessaient de la tirailler. Elle oscillait entre le besoin d’être avec Margo, l’envie de passer chaque minute à ses côtés, le plaisir de la découvrir et de partager des morceaux d’elle, et cette terrible angoisse de ne jamais être à la hauteur et de n’apporter à l’autre que la lourdeur de ses bagages. Quand elle se laissait aller à ces questions-là, Sanae sentait toujours son humeur se noircir.  Elle s’imaginait tout gâcher, piétiner leur relation et les sentiments de Margo, ou tout simplement l’ennuyer et la lasser jusqu’à ce qu’enfin, elle se décide à abandonner tout attachement. Et dès lors qu’elle visualisait cette peur, elle se produisait dans le réel.

Pourtant, Sanae savait par expérience que plus de temps elle passait à l’imaginer, plus vite ce qui l’effrayait se matérialiserait devant ses yeux. Ce soir en était certainement un bel exemple. Par peur de la perdre au profit d’un autre, Sanae avait très exactement provoqué leur éloignement. La jalousie l’avait emportée dans une colère irrépressible. Elle n’avait contrôlé ni ses gestes, ni ses paroles, et désormais, elle les regrettait. Mais éprouver du regret n’effaçait en rien l’offense faite à Margo et Sanae savait qu’elle devait s’excuser, ce qui n’était jamais son fort. Après une longue marche où la rage et la jalousie avaient laissé place à un esprit plus clair et raisonnable, la sorcière était revenue à la chambre d’hôtel. Sous les lumières tamisées, la suite paraissait calme et intimiste. Une brise chaude s’infiltrait par l’ouverture de la baie vitrée, dispersant les voilages légers qui l’encadraient. Penchée à la rambarde du balcon, Margo fumait une cigarette dont l’odeur vint titiller les narines de la brune. Elle ne voyait que son dos, son bras qui se pliait et se dépliait pour porter la cigarette à ses lèvres, et ses boucles blondes cascadant librement sur ses épaules. Même sans voir son visage, Sanae savait pertinemment que la rancœur et la colère devaient en imprimer chaque trait. Depuis combien de temps la blonde fulminait à ce balcon ? Combien d’arguments Sanae avait perdu dans cet esprit qui devait déjà savoir très exactement quoi dire ?

En la rejoignant, la sorcière n’avait pas prévu d’être aussi maladroite. Les mots lui venaient avec tant de mal que plusieurs fois elle crut entendre son propre ridicule. Avant, elle aurait su cacher ses incapacités derrière un écran de fumée. Elle avait mimé les gestes, les paroles et les expressions que d’autres employaient en société, se les appropriant juste assez pour faire croire au reste du monde qu’elle était leur semblable. Mais dans cette nouvelle ère, Sanae ne pouvait plus singer les réactions des autres. Elle s’accrochait à une volonté d’être elle-même, aussi authentique qu’imparfaite. Et diable, comme ça lui était pénible ! Mentir lui venait bien plus naturellement que la sincérité dont elle faisait preuve en cet instant. Elle détestait admettre ses faiblesses, exposer ses doutes et ses lacunes. Avec Margo, l’inexpérience dont elle se sentait victime lui faisait honte.

 « Tu crois que moi j'ai plus d'expérience parce que je me suis tapée la moitié du pays ? »

Comme un retour de bâton, les mots qu’elle avait employés plus tôt lui revenaient brutalement. Un coup aussi sec que le souffle de la blonde qui s’échappait avec la fumée de cigarette. Sanae eut un soupir. Margo avait le droit d’être en colère, il était juste qu’elle lui renvoie la violence de son insulte. Et si elle s’était contentée de regarder droit devant elle, la blonde finit par tourner son visage vers Sanae. Son regard bleuté, rendu plus sombre par la pénombre du balcon, se lia au sien. Une retrouvaille bienvenue mais dont la tension ne s’amenuisait guère. Tournée de trois quarts vers Sanae, la blonde poursuivit.

 « Ta jalousie, même si elle me fout les nerfs, elle me donne aussi envie de te plaquer au pieu pour te faire savoir à quel point j'en ai rien à foutre d'un pauvre gars qui ne sait pas comment occuper sa soirée autrement qu'avec des tentatives de drague foireuse. »

Elle ne put s’empêcher d’esquisser un sourire en coin. Le dos arrondi et les coudes appuyés contre la rambarde, Sanae gardait son visage tourné vers Margo. La dureté de son ton lui plaisait bien plus que la mièvrerie dont d’autres auraient usée. Quelques crépitements firent frémir le creux de ses reins. À l’entendre dire ces mots, c’était d’autres images que celle d’une dispute qui l’animaient.

 « Y en aura d'autres, je le sais. Toi comme moi ont grognera comme des dobermans parce qu'on est possessives, jalouses et que notre caractère est à chier. » C’était bien résumé. On ne pouvait pas dompter leur tempérament. Face au sourire de Margo, Sanae eut un souffle amusé, hochant la tête.  « On apprend toutes les deux. Couchée à droite à gauche me donne pas la science infuse des relations. J'fais comme pour tout, je teste et j'vois ce qui marche ou non. Ca se fait ensemble. » Tester et voir ce qui marche ou non. Sanae eut une pointe douloureuse au fond de la poitrine. Elle n’arrivait pas à faire ça. Du moins, elle n’arrivait à le faire sans penser aux mille scénarios vivant en parallèle du leur et aux futurs auxquels se préparer. La spontanéité et le détachement de la blonde lui donnaient envie de fonctionner autrement. Mais il ne servait à rien de combattre sa propre nature – de ça, la sorcière en était certaine. Si elle fut troublée une seconde, Sanae ne laissa rien paraître. Elle se contenta d’acquiescer en silence.  « Par contre, je supporterais pas que tu me réduises à ça. T'as ton truc avec Logan, crois-moi j'suis la première au courant, je deal avec cette relation. Mais plus jamais tu me fais comprendre que j'suis trop conne pour en comprendre la teneur. Tu couches avec un autre, Sana. Ta jalousie me pose aucun problème, mais m'attaque pas comme si j'avais poussé le vice. »

Elle ne lui en voulait pas d’avoir durci le ton. La blessure était toujours là chez Margo et ce soir, Sanae y avait remis du sel. Elle savait ce qu’elle avait dit. ...Parle pas de choses que ton tout petit esprit arrive pas à piger. Mais ce n’était pas l’intelligence de Margo qu’elle mettait en cause, c’était tout autre chose. Une chose qui s’expliquait difficilement sans blesser et rajouter plus de sel sur sa rancœur. Sanae ne dit rien. Qu’aurait-elle pu dire d’ailleurs ? A part, des excuses ou l’acquiescement de ce que la blonde disait, la sorcière n’avait en cet instant, pas le coeur d’être honnête. Le fait étant que Margo n’était pas en mesure de comprendre, non pas à cause d’une quelconque lacune intellectuelle, mais parce qu’il était tout bonnement impossible de comprendre entièrement une chose sans la vivre soi-même à la hauteur de ce que l’autre vit. L’imagination et l’empathie pouvaient combler une partie de cette compréhension mais jamais la satisfaire complètement. Si elle avait été voyante, Sanae aurait expliqué que ce monde invisible, imperceptible pour les autres et où elle aurait trouvé des voix, des images et des sensations, n’était pas accessible et compréhensible pour ceux qui n’avaient pas le don. Elle aurait dit qu’il y avait tout un monde en parallèle de celui dans lequel elle vivait, et que pour elle, la frontière entre les deux était si fine qu’elle pouvait les confondre. Elle aurait dit qu’il n’y avait pas de moyen pour l’autre de comprendre cela entièrement.
Pour son propre don, les mots ne venaient pas. Sa propre conception de la légimencie était entremêlée si douloureusement à ses peurs et à ses blessures profondes qu’elle peinait à l’expliquer. Pour tout avouer, elle était épuisée d’essayer car elle savait déjà que ce serait en vain. Peut-être fallait-il accepter que l’autre ne puisse pas comprendre ? Peut-être fallait-il laisser Margo penser à son lien avec Logan seulement comme des coucheries banales ? Sans était-ce plus simple de l’envisager sous cet angle… ou peut-être pas. Elle était de plus en plus persuadée que la façon d’en parler ou de l’envisager ne changerait rien à la blessure de Margo et que son lien avec Logan ne cesserait de revenir à chaque dispute. Mais encore une fois, elle n’avait pas le coeur d’honnête ce soir...

Sanae s’humecta les lèvres, se tournant à son tour de trois quarts vers Margo. Son coude appuyé contre la rambarde, elle prit une inspiration tendue et hocha la tête.

« Je comprends que ça t’ait blessé… ma propre jalousie m’a prise par surprise. Je suis désolée. » Elle l’était, sincèrement, mais elle sentait absente de son propre discours. Cette réponse était une échappatoire rapide et nécessaire pour mettre fin à cette conversation. Si elle se poursuivait, son honnêteté viendrait balayer toute réconciliation, et elle n’avait qu’une seule envie : s’étendre paisiblement entre les draps en laissant glisser ses mains sur la peau de la sorcière. Le geste obéit à la pensée. Elle se rapprocha de la blonde et passa une main autour de sa taille, déposant un baiser sur la commissure de ses lèvres. « Et si on rattrapait cette soirée, hein ? »






Parc Yellowstone, État du Montana - Deux jours plus tard.



Son âme s’était glissée dans un bain chaud, contre cette peau qu’elle estimait naturellement sienne, sans vraiment l’avoir choisi. On ne choisissait pas les liens qui s’établissaient ; mais on pouvait choisir de les nourrir, de les faire perdurer. Et c’était ce qu’elle faisait, là, entre ces bras qui l’entouraient, son dos contre sa poitrine. Sa tête reposait contre le haut de son buste, son front touchant la ligne de sa mâchoire, ses jambes entremêlées à celles de Margo et ses mains posées sur les bras qui s’étaient refermés sur elle. Contre son dos, elle sentait les mouvements de cette poitrine qui se soulevait à chaque respiration lente, calme, régulière.

Des mèches de ses cheveux courts et noirs barraient son front mouillé, tandis que ceux, blonds, de Margo flottaient à la surface de l’eau. Sanae faisait courir le bout de ses doigts sur l’avant-bras de la sorcière blonde, traçant des chemins imaginaires, ses paupières à demi-closes dans les petits moments de silences, avant que sa voix ne vienne s’insérer dans l’atmosphère chaude et rassurante de la salle de bains.

« J’y prends de plus en plus goût tu sais... »


À ces instants d’intimité, à ces instants avec elle, tout simplement.
Elle soupira, fléchissant le genou alors qu’un bout de cuisse sortait de l’eau et que sa main remontait le long de son bras avec lenteur. Sa voix s’était faite douce, posée, comme pour ne pas troubler la quiétude du moment.

« J’ai jamais aimé les bains. Je me suis toujours ennuyée au bout de deux minutes...Je crois qu’un jour, mon père m’avait offert un petit bateau pour jouer avec, quand j’avais huit ans...Finalement, le plus amusant, c’était de le faire couler. » Un fin sourire étira ses lèvres alors que ses paupières se refermaient légèrement, et qu’elle tournait la tête pour venir embrasser la ligne de la mâchoire de Margo, là où se trouvait le petit creux en-dessous de l’oreille. « Mais je crois que j’ai trouvé de quoi m’occuper. Bien plus efficace qu’un bateau. » Un instant de silence. « Plus dur à faire couler aussi... » murmura-t-elle avec provocation avant de rire légèrement.

Ce moment de détente était précieux, surtout après l’effervescence de New York et de Los Angeles. Au cœur du Montana, le grand parc de Yellowstone leur offrait une escapade singulière. Elles étaient arrivées tôt au matin et avaient profité des différents parcours pour randonner quelques heures avant de s’établir dans la cabine qu’elles avaient louée. Comme un cocon trop confortable pour qu’on le quitte un jour, l’espace était majoritairement fait de bois et présentait autant de plaids et de coussins qu’on pouvait l’imaginer. Près de la chambre, la grande salle de bain offrait un jacuzzi et une pièce pouvant servir de hammam. Ce soir, elles pourraient s’endormir entourée des grandes étendues de nature et des animaux sauvages du parc.
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